Lorsque le cancer du côlon est détecté à un stade avancé ou qu'il devient métastatique, le pronostic vital du patient est engagé. Seule la recherche peut alors faire la différence.
Le cancer colorectal, qui se développe à l'intérieur du côlon, naît de la transformation d'une tumeur bénigne, le polype, en une tumeur maligne. Détecté à un stade avancé ou métastatique, le pronostic vital des patients est sérieusement engagé. Il représente donc pour les chercheurs un véritable défi thérapeutique.
A Gustave Roussy, le Dr Fanny Jaulin, responsable de l'équipe de recherche "Invasion collective", se consacre depuis plusieurs années à des travaux de recherche ayant pour objectif de mieux comprendre les mécanismes de propagation des cellules tumorales du cancer colorectal depuis la tumeur d'origine, située dans le côlon (dite primaire) vers d'autres organes.
"Pendant très longtemps, les chercheurs se sont intéressés à un mode d'invasion individuel, selon lequel les cellules malades se déplacent de manière isolée pour se répandre dans l'organisme", explique le Dr Jaulin. "Nous avons émis l'hypothèse que le mécanisme prépondérant de dissémination des cellules tumorale était plutôt collectif".
Pour prouver ce postulat, l'équipe du Dr Jaulin a travaillé en étroite collaboration avec celle du Dr Diane Goéré, chef du département de Chirurgie viscérale de l'Institut, et a prélevé puis analysé des échantillons de tumeurs issus des interventions chirurgicales de patients atteints d'un cancer colorectal. Leur piste s'est avérée excellente : les cellules tumorales se déplacent bel et bien en groupes (de 200 cellules) pour migrer et créer des métastases. Une découverte spectaculaire, qui vient d'être publiée dans la prestigieuse revue scientifique Nature Cell Biology et qui ouvre la voie à de nouvelles avancées thérapeutiques.
Un autre élément essentiel a été mis au jour par ces recherches. Les groupes de cellules tumorales se rangent par polarité inversée afin de former un véritable bouclier sphérique, qui les protège non seulement des réactions du système immunitaire des malades, mais également de tous les traitements administrés, et notamment des chimiothérapies.
Le Dr Jaulin s'est particulièrement intéressée aux métastases se développant dans le péritoine, la membrane qui tapisse les parois intérieures de l'abdomen. Elle a pu constater que les chimiothérapies administrées en intraveineuse ne parvenaient pas à atteindrele péritoine, ni à attaquer le bouclier formé par les cellules cancéreuses. Elle s'est par ailleurs aperçue que ces cellules mouraient lorsqu'elles se détachaient de leur sphère.
Il s'agit donc désormais pour les chercheurs d'envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques, sur la base de ces précieuses avancées. Ils se penchent également sur les métastases hépatiques, à la lumière de ce qu'ils ont pu constater dans le péritoine. "Mieux prévenir les métastases doit nous permettre d'aider les malades à vivre plus longtemps", résume le Dr Fanny Jaulin.
Trois étapes seront nécessaires pour cela :
Le Dr Jaulin envisage déjà plusiuers pistes pour y parvenir. L'une d'entre elles consisterait à administrer les chimiothérapies directement dans le péritoine au moyen d'un cathéter. D'autres sont encore à l'étude... Et toutes nécessitent le soutien des donateurs, sans la générosité et la confiance desquels ces découvertes primordiales n'auraient pu aboutir.