Le nombre de cancers diagnostiqués chez les moins de 50 ans augmente dans le monde, touchant de plus en plus d'adultes jeunes en pleine vie active. Face à cette tendance préoccupante, chercheurs et cliniciens se mobilisent pour comprendre les causes, améliorer la prévention et adapter les stratégies de dépistage. L’objectif : transformer cette alerte sanitaire en levier d’action et d’espoir pour les générations à venir.
Longtemps considérés comme une maladie du grand âge, les cancers touchent de plus en plus d’adultes jeunes, et l’incidence de ces tumeurs d’apparition précoce connaît une progression à l’échelle mondiale, selon un article paru le 3 septembre 2025 dans la revue ESMO Open et signé par des médecins-chercheurs de Gustave Roussy.
Longtemps considérés comme une tranche d’âge peu exposée, les 20-40 ans sont de plus en plus touchés par le cancer. Biologiquement, ces jeunes adultes sont dans une phase singulière de la vie : ils ont dépassé la puberté mais n’ont pas encore connu les effets liés au vieillissement (diminution de la production hormonale, affaiblissement du système immunitaire, apparition de maladies chroniques…). Ces patients sont souvent en pleine construction de leur vie professionnelle, familiale et sociale. Le diagnostic est souvent tardif. Les adultes jeunes, se pensant en bonne santé, minimisent leurs symptômes, et les dépistages, hormis celui du col de l’utérus, ciblent rarement les moins de 40 ans.
En 2022, dans le monde, plus de 1,2 million de nouveaux cas et 350 000 décès ont été enregistrés dans cette tranche d’âge. Ces cancers concernent notamment l’appareil digestif (colorectal, estomac, foie, pancréas), le sein, la thyroïde, mais aussi les reins, les testicules et parfois même les poumons chez de jeunes non-fumeurs.
La tendance est particulièrement marquée chez les femmes, dont l’incidence est désormais plus élevée que chez les hommes du même âge, en grande partie à cause des cancers du sein et de la thyroïde. À l’horizon 2050, les projections annoncent une hausse de 13 % des cas et des décès liés à ces cancers précoces.
Les causes exactes de cette hausse restent à élucider. Les chercheurs avancent plusieurs explications : obésité croissante, pollution, perturbateurs endocriniens, alimentation, sédentarité ou encore exposition précoce à certains traitements et agents environnementaux.
Pour répondre à ce défi majeur de santé publique mondiale, Gustave Roussy a mis en place le programme POWER for YA, programme de recherche spécifique centré sur les cancers des 20-40 ans qui appelle à intensifier la recherche, repenser la prévention et sensibiliser les jeunes générations.
Source
F. André, E. Rassy, B. Achutti-Duso, A. Boilève, C. Smolenschi, S. Delaloge, F. Barlesi,
The rising tides of cancers among young adults
ESMO Open, Volume 10, Issue 9, 2025, 105553, ISSN 2059-7029,
https://doi.org/10.1016/j.esmoop.2025.105553
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S205970292501422X